Interview de Pascal Pascaly




Pascal Pascaly a 33 ans et a déjà écrit plusieurs livres sur des groupes de rock. Ce mois-ci, son nouveau livre, Rock Addictions, sort en librairie. Découvrez ici une interview ainsi que quelques extraits de son livre, une partie état consacrée à Tokio Hotel mais surtout, à leurs fans.

-    Pourquoi avoir inclut Tokio Hotel dans ce livre?

Tout simplement parce que lorsqu’on parle de fans, on est obligé de penser à Tokio Hotel. Il y a plusieurs communautés de fans comme celles de Michael Jackson, Mylène Farmer, Indochine, et donc Tokio Hotel. Il me semblait donc impossible de ne pas parler des fans du groupe d’autant plus qu’on en entend tellement parler en bien et en parfois en moins bien que c’était là la parfaite occasion de remettre les compteurs à zéro. Il y a beaucoup de clichés sur les fans, et, en allant à leur rencontre on se rend compte que tout ceci n’est évidemment qu’un coup médiatique destiné à faire du buzz. Et donc de l’argent. Bien sûr, il y a et aura toujours des fans plus extravagants que les autres, mais il y en plein d’autres qui vivent leur passion sans débordement, sans excès, et il faut absolument en parler. Ce livre montre l’aspect des fans sous leur plus beau jour. Parce qu’on a tous besoin de rêver, d’accrocher des posters et de pousser le son à fond. Alors Tokio Hotel est un phénomène dont on n’avait plus vu l’importance au niveau des fans peut-être bien depuis Michael Jackson, ni plus ni moins. Ce phénomène était (est ?) vraiment révélateur de pleins de choses : d’une jeunesse qui avait besoin de rêver et d’un groupe parfois partagé entre sincérité et marketing. Cette folie était belle par bien des aspects. Il y a des témoignages émouvants, beaux, parfois incroyables. Et il était impossible de ne pas en parler. Le livre parle des fans. Le livre parlera donc de Tokio Hotel. L’un ne va pas sans l’autre.

Connaissiez-vous ce groupe avant de décider d'écrire sur leurs fans? Leur musique?

Comment ne pas connaître le groupe ? J Impossible d’y échapper à moins d’avoir vécu sur la Lune ou sur Mars. Il y a eu beaucoup de choses dites sur le groupe et sur ses fans. Beaucoup de jalousies aussi. Parce que dès que vous avez du succès on vous envie, et puis tout cela fait vendre. C’est le business qui veut ça. Mais vous avez beau avoir le meilleur plan marketing du monde, si vous n’êtes pas un minimum sincère, les fans le verront un jour où l’autre. Même si la folie autour du groupe est bien moindre aujourd’hui, il reste des dizaines et des dizaines de milliers de fans qui sont et seront toujours là. Parce que le groupe représente tellement pour eux…Chaque fan a besoin de sortir du quotidien, de sortir d’une école parfois oppressante, d’une famille ou l’adolescence bouscule parfois les habitudes parentales. Et puis tout ce maquillage, ces paroles allemandes que les fans apprenaient par cœur, c’est purement et simplement incroyable. C’est pour ca que dans le livre j’ai tenu à raconter des histoires de fans, qui, me semblait-il, reflétait bien leur passion : un côté « folie douce », un côté « communauté entre copines » mais tout en restant les pieds sur terre. Enfin, pas toujours…. J

Et donc, que pensez vous de ce groupe, vous qui avez déjà écrit sur plusieurs autres groupes de rock reconnus?
Je pense que la folie qui s’est un peu perdue ne peut être que positive. Cela permet à tout le monde de reprendre ses esprits, d’avoir un peu de recul. Le calme avant la (nouvelle) tempête peut-être ? Mais qu’on le veuille ou non, Tokio Hotel restera gravé dans l’histoire du rock. Car, comme je le disais plus haut, hormis Michael Jackson ou les Beatles, il n’y a pas eu énormément de groupes ou d’artistes qui déclenchaient une telle folie. Bien sûr, il y eu beaucoup de marketing autour de cela, mais il n’y avait pas que ça. Le groupe était sincère, vrai, et ça, les fans l’ont bien compris. Il se peut qu’on leur impose des choses mais ils sont vrais, généreux avec leur public qui le leur rend bien. Alors, bien sûr, il y aura toujours des critiques et des jalousies, mais Tokio Hotel pourra à jamais se targuer d’avoir fait danser une partie de la jeunesse mondiale, et ça, ça n’a pas de prix.

Et maintenant quelques extraits:
Note : Les nouvelles sur Tokio Hotel narrent la passion qu’ont les fans pour ce groupe. On analyse, on sort des habituels clichés et on montre le côté positif de cette passion, en essayant d’avoir le maximum de recul, et donc d’objectivité. Néanmoins on plonge également et évidemment dans le cœur des fans, dans cette course à la rencontre, lors d’une dédicace, et les nombreuses difficultés afin de pourvoir rencontrer ses idoles….
Cet extrait se situe au milieu de la nouvelle
« La fièvre non plus d’ailleurs. J’apprendrai plus tard que Jessica est plus fan que jamais, prête à passer deux nuits blanches devant l’hôtel à Strasbourg, prête à passer des heures et des heures dans les files d’attente. Mais le meilleur reste à venir…
Le meilleur c’est, après plus d’un an d’attente à chercher en vain la moindre info dans leur silence imposé, voir cette date s’afficher, cette date du 27 août où le groupe doit se produire à Cologne, avec séance de dédicace a la clé. Sauf que Jessica n’a pas de place. Sauf que c’est bientôt la rentrée scolaire…Qu’importe, l’attente fut bien trop longue pour laisser passer l’occasion. Elle demande alors à son père, si, faute de pouvoir assister au concert, ils ne pourraient pas y aller quand même, peut-être auront-ils la chance de les trouver à l’hôtel ? Le père est cool, et bien que pour taquiner sa fille, il appelle le groupe « les quatre tapettes », Jessica n’est pas dupe : elle sait qu’il aime bien leur musique, et paraît-il, a même un membre préféré… Bien sûr, il accepte. Le rituel est toujours le même ou presque : la veille, courses avec le frangin, et préparation du sac. Le jour J, lever à 5h du mat’ direction Cologne pour 350 bornes. Le temps de se tromper de route, et on en rajoute 100 au compteur. Un arrêt repos au Luxembourg, et le temps, file, défile beaucoup trop vite pour Jessica dont le stress ne cesse de monter. Quelques SMS sont échangés avec une fan de Moselle « rencontrée » sur skyblog : elle est déjà là-bas, elle. A 11 heures, c’est enfin la ligne d’arrivée. Ne reste plus qu’à chercher un endroit pas trop craignos où passer la nuit… dans la voiture. Puis c’est l’heure de retrouver les copines qui doivent arriver en train de Paris. Jessica part à leur rencontre.
Le père et le frangin, eux, vont de leur côté. Les filles n’attendent pas : aussitôt arrivées, c’est la chasse à l'hôtel du groupe. Jessica a une liste des choix possibles, avec les itinéraires. Elles décident donc d’en prendre un au hasard –Intercontinental- mais ça reste délicat. Un peu paumées dans cette ville les filles… Dans son allemand français, Jessica demande donc aux passants ce qu’il en est. Ils la comprennent, elle les comprend. C’est le principal. Et bientôt, l'enseigne de l'hôtel et les fans devant se dévoilent à eux. C'est le bon. Elle remarque aussitôt des filles déjà vues à un rassemblement de fans en Alsace. Il y a encore une autre fille. Elle ressemble à celle du skyblog. C’est bien elle, Isabelle. Julie est là aussi. Le soleil cogne de plus belle. Un garde de l'hôtel sort de temps en temps pour voir comment ca se passe. Jessica boit gorgée par gorgée sa seule petite bouteille d'eau. Faut pas la finir, pas repartir en chercher une autre à la voiture. Le groupe pourrait lui passer sous le nez. Le garde sort à nouveau et installe une barrière : tout le monde se dépêche d’avoir la meilleure place. Jessica est collée à elle. Vont-ils arriver, vont-ils sortir ? Les heures passent, sans pouvoir s'assoir. Personne ne veut perdre sa place. Il est 15h, des gens reçoivent des coups de fils et partent, sans explication, laissant les autres dans l’expectative la plus complète. Bientôt la file n’est plus, juste quelques fans. Jessica et les autres sont intriguées. Que se passe-t-il ? Isabelle et Julie proposent d'aller faire un tour à la salle où doivent jouer les garçons, histoire de voir un peu ce qui se passe. Dans la voiture, le GPS fait des siennes, mais qu’importe, la volonté est plus forte. Aucune place pour se garer, files d'attentes bourrées. Pour elles c'est mort. Jessica appelle alors les parisiennes qui sont devant l'hôtel pour savoir si de leur côté ça a bougé ou quoi. Elles répondent qu’elles sont vers le métro pour aller vers la salle, elles aussi, mais bien sûr, s’il se passe quoi que ce soit, les unes appelleront les autres aussitôt. Jessica, Isabelle et Julie sont de retour devant l'hôtel, maintenant seules. Pas de nouvelles des parisiennes. Des fans qui ont une chambre dans l'hôtel du groupe en sortent. L’une d’elle pleure. Il faut la consoler, même si le désespoir gagne les rangs. 19 heures : les ventres parlent, direction Mac Do. Toujours pas de nouvelles des parisiennes, leurs portables sont sur messagerie, ça sent l'entourloupe. Pour Jessica, ça veut dire qu'elles ont sont rentrées dans la salle sans prévenir et que le réseau ne permet pas de se contacter. Les autres lui rétorquent qu’elle se fait des films. Re-retour devant l'hôtel. Pas un mot. Le père et le frangin débarquent, ne pouvant que constater les dégâts : Jessica est au bord des larmes. Soudain, les fans de tout à l’heure sortent de l'hôtel en courant et lâchent d'aller vite à la salle et de ne pas oublier la carte d'identité. Bye-bye père et frère, direction en quatrième vitesse au parking souterrain et la voiture d'Isa. Le GPS ne daigne pas retrouver l'itinéraire. Mode stresse, mais mode espoir. Les minutes sont longues, trop longues. Pendant les feux rouges, Jessica bafouille auprès des passants le bon chemin. Le stress lui fait perdre son allemand. Le désespoir guète à nouveau. Plus un mot dans la voiture. Juste des pleurs. Le GPS se connecte enfin mais c'est trop tard. Les filles arrivent devant L'O2 WORLD on TOUR. Les autres fans sont à pieds, elles aussi arrivées trop tard. Les gardes n'ont pas voulu les laisser passer. Elles décident alors de faire le tour de la salle pour voir si personne ne pourrait les faire rentrer, s’il n’y a pas un endroit où elles pourraient au moins apercevoir le groupe, quand, par miracle…. »
La suite dans le livre J

Rock Addictions – Pascal Pacaly – Editions Durand Peyrolles – Disponible en rayon et commande librairie, sur sites éditeur, fnac, amazon, etc


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